Simon Willison est un personnage fascinant à plus d’un titre. Je l’ai découvert grâce à LLM, un outil qu’il a développé qui permet d’effectuer de multiples tâches en ligne de commande depuis un terminal. Très prolifique, Simon, aidé par la communauté, a développé une myriade de plugins qui permettent entre autres de se connecter à l’API de diverses IA, de faire tourner des LLM localement sur son propre ordinateur, de générer des embeddings, de faire du clustering, etc.
Avec plus de 20 ans de carrière comme développeur, Simon Willison a entre autres participé à la création de Django, un framework web open source en Python. Il a plus récemment créé Datasette, un multi-outil open source pour l’exploration et la publication de données. La richesse de sa carrière n’est plus à démontrer. Mais ce qui le rend particulièrement attachant, c’est qu’il sait parler de ce qu’il fait. Qu’en plus de ses compétences de développeur, il est à l’aise avec les mots, à l’oral comme à l’écrit.
Simon tient un blog, sur lequel il poste régulièrement des articles en lien avec ses propres activités ou concernant l’actualité de l’IA. Ce blog est une véritable mine d’or. Simon est très actif et n’hésite pas à partager chaque trouvaille en expliquant avec moult détails comment il procède. Dans certains interviews il déplore que les gens se soient progressivement détournés de la discipline de l’écriture. Il faut bloguer davantage explique-t-il, et si on trouve cela difficile il ne faut pas hésiter à baisser son niveau d’exigence. Simon s’est par exemple astreint à publier au moins un billet de blog par jour en 2024. Il a beaucoup travaillé dans le milieu du journalisme et cela se sent.
En outre Simon est particulièrement à l’aise à l’oral, comme lors de ses participations à des conférences ou lors d’interviews sur YouTube. Il s’exprime avec clarté et précision dans un anglais parfait et enjoué. Son enthousiasme est très contagieux. Il utilise des images très parlantes avec une touche d’humour pour illustrer ses propos. Par exemple sur l’arrivée des LLM et de ChatGPT au début des années 2020 : “Il y a environ trois ans, des extraterrestres ont débarqué sur Terre et nous ont remis une clé USB, avant de disparaître. Depuis lors, nous nous examinons le truc avec circonspection, en essayant de comprendre comment ça marche et ce que ça peut faire”.
Pour expliquer comment fonctionne un chatbot, il n’hésite pas à comparer la méthode à une sorte de jeu de rôle qui permet de duper l’algorithme pour faire en sorte qu’il prédise le mot suivant tout en apportant une réponse à l’utilisateur. Il a par ailleurs proposé le terme “slop”, pour illustrer l’activité qui consiste à publier sur internet des contenus produits par des IA génératives tels quels, sans aucune retouche, amélioration ou explication.
Simon Willison est un personnange hors-norme : intelligent, vif, probablement un peu obsessionnel-compulsif, perfectionniste, jusqu’au-boutiste. Il est plein d’énergie et d’enthousiasme, passionné par ce qu’il fait et source d’inspiration. C’est un vulgarisateur dans la meilleure acception du terme, quelqu’un qui n’hésite pas à dire l’évident pour pouvoir ensuite dérouler son raisonnement et embarquer tout le monde dans l’aventure. D’autres, trop préoccupés à paraître intelligents, préfèrent le non-dit, l’ellipse, l’implicite. Simon, c’est tout le contraire : il ne cache rien, il dévoile tout, partage tout dans une sorte d’ivresse, fruit de son insatiable curiosité et de sa fascination pour les réalisations humaines.